Sébastien LOEB : un Champion hors normes
Né le 26 février 1974 à Haguenau en Alsace, Sébastien LOEB est considéré comme l’un des plus grands pilotes de rallye de l’histoire.
Fort de 9 titres mondiaux consécutifs en championnat du monde des rallyes WRC (2004-2012), tous remportés sur Citroën, actuel détenteur du record de victoires en WRC (avec 80 rallyes à son actif dont 79 sur Citroën) et plus de 1000 spéciales gagnées, ses exploits ont marqué les annales du sport automobile.
Il est impossible d’évoquer l’histoire de Citroën Sport sans revenir sur la carrière exceptionnelle de ce pilote hors norme.
Des débuts prometteurs chez Citroën Sport (1999-2003)
Sébastien LOEB ne se destinait pas d’emblée à une carrière de pilote. Jeune, il excelle en gymnastique avant de bifurquer vers le rallye vers l’âge de 20 ans. Repéré par l’opération Rallye Jeunes de la FFSA, il remporte en 1999 le Trophée Saxo Kit-Car qui révèle de nouveaux talents.
Il s’agit d’un championnat monotype en Saxo organisé par Citroën qui constitue une première connexion avec la Marque dans le but de détecter les futurs talents. Guy FREQUELIN, alors patron de Citroën Sport, remarque immédiatement le jeune Alsacien aux chronos impressionnants. « Son intelligence en course me sidérait vraiment », se souvient FREQUELIN.
En 2000, LOEB devient Champion de France des rallyes sur terre (catégorie 2 roues motrices) en Saxo Kit-Car. En 2001, il concrétise les espoirs placés en lui et devient Champion de France des rallyes sur Xsara Kit-Car tout en remportant le nouveau championnat du monde Junior WRC avec la petite Saxo Super 1600. Ces succès lui valent d’être promu sur quelques manches du championnat du monde des rallyes.
Dans cette catégorie reine (le WRC), Sébastien LOEB, au volant d’une Xsara WRC, frappe fort dès octobre 2001 en se classant 2ᵉ du Rallye Sanremo, devancé de seulement quelques secondes par Gilles PANISSI sur 206 WRC. La transition vers le très haut niveau est fulgurante pour ce pilote encore néophyte.
La saison 2002 marque le véritable début de l’ère LOEB chez Citroën. Aligné sur plusieurs rallyes mondiaux au sein de la nouvelle équipe Citroën Total, il monte sur son premier podium au Monte-Carlo et il décroche, quelques mois plus tard, sa première victoire WRC lors du Rallye d’Allemagne à l’âge de 28 ans. La première victoire d’une très longue série. Citroën, pour sa part, signe un retentissant retour officiel en WRC après plusieurs années d’absence, et comprend qu’elle tient son pilote de référence.
En 2003, pour sa première saison complète, LOEB est propulsé leader de l’équipe Citroën aux côtés des expérimentés Carlos SAINZ et Colin McRAE. Il remporte 3 rallyes (Monte-Carlo, Allemagne, Sanremo) et se retrouve en lutte pour le titre mondial jusqu’à la dernière manche. Lors du Rallye de Grande-Bretagne, final de la saison, LOEB doit gérer une situation délicate : en tête de la course, on lui demande de ne pas tout risquer afin d’assurer le titre constructeur pour Citroën. Il s’exécute en bon équipier et termine 2ᵉ de l’épreuve perdant le titre pilote pour un petit point face à Petter SOLBERG. Citroën est champion du monde des constructeurs, et LOEB vice-champion du monde dès sa première tentative – performance rarissime. Le ton est donné : la saison suivante sera celle de la consécration.
Domination sans partage en WRC (2004-2012)
À partir de 2004, Sébastien LOEB et Daniel ELENA entrent dans une période de règne inédit sur le WRC avec Citroën. Le duo pilote-constructeur rafle tout sur son passage, établissant de nouveaux standards de performance. LOEB décroche son premier titre mondial en 2004 (6 victoires dans l’année, égalant le record de Didier Auriol et devient, par la même occasion, le premier non-nordique à s’imposer au Rallye de Suède, prouvant qu’il n’était plus seulement un spécialiste de l’asphalte).
S’ensuit une série ininterrompue de 9 titres de champion du monde des rallyes de 2004 à 2012 – du jamais vu en sport automobile. Avec son copilote monégasque Daniel ELENA, LOEB enchaîne les succès à un rythme effréné, repoussant les limites du possible. En 2005, il remporte 10 manches sur 16 et établit le record de victoires en une saison, dont 6 rallyes consécutifs (séquence jamais reproduite).
L’équipage LOEB / ELENA excelle sur tous les terrains : asphalte bien sûr (il demeure quasiment invincible sur cette surface durant toute sa carrière, remportant par exemple chaque édition du Rallye d’Allemagne de 2002 à 2012), mais aussi sur la terre et même la neige scandinave. « Sébastien LOEB est Finlandais en fait ! » lancera d’ailleurs avec humour Ari VATANEN, lui-même champion du monde, pour saluer l’aisance de l’Alsacien sur la neige habituellement dominée par les pilotes nordiques.
Avec Citroën, LOEB remporte :
· 28 rallyes et 3 titres pilotes (2001-2006) avec la Xsara WRC
· 34 rallyes et 4 titres pilotes (2007-2010) avec la C4 WRC
· 16 rallyes et 2 titres pilotes (2011-2013) avec la DS3 WRC
· 1 rallye avec la C3 WRC (Catalogne 2018)
Il remporte une victoire supplémentaire en WRC au volant d’une Ford Puma Rally1 en 2022 (Monte Carlo).
Ces années de triomphe ne sont pas une simple formalité : la concurrence s’organise (notamment Peugeot puis Ford et Subaru, et des rivaux comme SOLBERG, GRÖNHOLM, HIRVONEN ou encore son jeune coéquipier Sébastien OGIER (en fin de période). Mais LOEB trouve à chaque fois les ressources pour garder l’ascendant. Sa régularité, sa science de la course et sa pointe de vitesse font merveille.
Pour Citroën ces années de domination se traduisent par 8 titres mondiaux des constructeurs (2003-2005, 2008-2012) et un record de 102 victoires en WRC. Le nom de Citroën devient synonyme d’excellence en rallye, au même titre qu’Audi et Peugeot dans les années 1980 ou Lancia dans les années 1990. Guy FREQUELIN, qui a façonné cette équipe autour de LOEB, quitte ses fonctions fin 2007 sur un bilan remarquable, remplacé par Olivier Quesnel puis Yves Matton, mais LOEB reste le pilier intangible jusqu’en 2012.
Fin 2012 pourtant, Sébastien LOEB choisit de lever le pied au sommet de sa gloire. À 38 ans, il annonce qu’il ne disputera plus le championnat à plein temps. Le Rallye de Catalogne 2012 est sa dernière apparition comme pilote officiel engagé sur une saison complète – il le gagne, bien sûr, pour boucler la boucle. Cette quasi-retraite sportive marque la fin d’une époque pour Citroën Racing.
Des Retours ponctuels en rallye (2013-2019) : les dernières pages Citroën
Après 2012, LOEB aurait pu tirer sa révérence en WRC. Mais le champion n’a jamais complètement fermé la porte aux rallyes. Il effectue d’abord une saison 2013 partielle avec Citroën, comme un tour d’honneur : il remporte encore le Rallye Monte-Carlo 2013 (son 7ᵉ Monte-Carlo) et le Rallye d’Argentine, portant son compteur de victoires à 78. Son dernier rallye WRC en tant que pilote officiel Citroën a lieu en Alsace, chez lui, au Rallye de France 2013.
Parallèlement, Sébastien LOEB explore de nouveaux horizons. Il s’est notamment essayé au rallycross. Dans le cadre des X Games 2012 à Los Angeles, il relève le défi lancé par son ami Travis PASTRANA. Citroën Racing développe pour l’occasion une DS3 RX spéciale (surnommée « DS3 XL » pour X Games/LOEB) basée sur une voiture de rallycross du pilote Kenneth HANSEN. Face aux stars américaines du X Games et à son ancien rival Marcus GRÖNHOLM, LOEB fait parler son talent : il remporte la médaille d’or du rallycross des X Games, surclassant la finale avec plus de 12 secondes d’avance. Fort de cette expérience, LOEB poursuivra plus tard en Championnat du monde de Rallycross (WRX) en 2016-2018, avec Peugeot, ajoutant quelques victoires à son palmarès.
En juin 2013, il s’attaque au mythique Pikes Peak Hillclimb avec le soutien du groupe PSA (au volant d’une Peugeot 208 T16 spécialement construite). Il pulvérise le record de la montée avec un chrono stratosphérique de 8’13’’878, entrant dans la légende de Pikes Peak.
En 2014, Citroën engage Sébastien LOEB dans un programme officiel en circuit, en WTCC. LOEB retrouve l’univers des voitures de tourisme qu’il affectionne (il avait notamment fini 2ᵉ des 24 Heures du Mans 2006 sur un prototype PESCAROLO). Pendant deux ans, il pilote la Citroën C-Elysée WTCC avec succès : victoire dès sa 2ᵉ course et 6 succès au total, face à des spécialistes du circuit. Il termine à deux reprises troisième du championnat du monde WTCC (derrière ses coéquipiers Yvan MULLER et José-María LOPEZ, Citroën écrasant la concurrence en tourisme comme elle l’avait fait en rallye).
Fin 2015, Citroën décide de réduire la voilure en WTCC et LOEB se retrouve sans programme officiel pour 2016. Il est ainsi libéré de son contrat Citroën fin 2015.
Après quelques années centrées sur des projets avec Peugeot (rallye-raid Dakar, rallycross WRX), il revient ponctuellement prêter main forte à Citroën Racing en WRC.
En 2015, d’abord, il dispute le Rallye Monte-Carlo en renfort : pour la première apparition de la DS3 WRC version 2015, il mène quelques spéciales face aux nouveaux ténors OGIER et LATVALA, avant qu’une touchette ne le relègue en 8ᵉ position finale.
Et en 2018, à 44 ans, LOEB accepte de disputer 3 rallyes avec la Citroën C3 WRC (alors que l’équipe est en difficulté). Le temps de se réadapter et le voilà de nouveau flamboyant : après 2 piges prometteuses (5ᵉ au Mexique, 14ᵉ en Corse sur crevaison), il renoue avec la victoire en Catalogne. Au terme d’un duel intense avec OGIER, LOEB s’impose de 2.9 secondes – une marge infime – remportant sa 79ᵉ victoire WRC près de six ans après la précédente.
En 2019, Citroën ne participe plus qu’officiellement via OGIER / LAPPI, et LOEB choisit de s’engager avec Hyundai pour quelques rallyes.
Après toutes ces années, et malgré tous les succès qu’il a remporté, une victoire continue de se dérober à lui : Le Dakar. Malgré 9 participations et de très bons résultats, Sébastien LOEB n’est pas encore parvenu à s’imposer dans cette épreuve (dernière participation en 2025 avec Dacia – Abandon à la 3ème étape). Une ligne qu’il finira probablement par inscrire à son incroyable palmarès !